Un projet de loi rend enfin possible l’action de groupe !

, par udfo90

L’Assemblée nationale vient d’adopter en première lecture le projet de loi Hamon, qui vise à renforcer les droits et le pouvoir des consommateurs.

Les députés autorisent les consommateurs s’estimant lésés à se regrouper pour demander réparation des préjudices subis dans une même procédure. L’action de groupe était la mesure phare du projet de loi Hamon sur la consommation, une compilation de 73 articles examinée en première lecture par l’Assemblée nationale du 24 au 28 juin. Cette mesure, déjà promise par Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, avait toujours été abandonnée sous la pression des lobbies et des organisations patronales.

Pour éviter les dérives des « class actions » à l’américaine, et au grand dam des cabinets d’avocats, tout recours en justice devra obligatoirement passer par l’une des seize associations de défense des consommateurs, dont l’AFOC. Pour l’instant, seuls les litiges relevant de la consommation et de la concurrence pourront faire l’objet d’une action collective. Ceux concernant la santé et l’environnement, comme les scandales du Mediator ou de l’amiante, en sont actuellement exclus, mais ils pourraient y être intégrés ultérieurement.

Globalement, le projet de loi vise à renforcer les droits et le pouvoir des consommateurs. Sa rédaction est le résultat d’un bras de fer entre des lobbies aux intérêts très divergents. Avant de présenter le texte, le rapporteur, Razzy Hammadi, avait rencontré deux cents personnes ou structures soucieuses de l’« éclairer ».

UN MILLIER D’AMENDEMENTS

Un millier d’amendements avaient été déposés en commission des affaires sociales. Le plus grand nombre concerne la création d’un registre recensant les détenteurs de crédits à la consommation pour prévenir le surendettement, à la suite d’un amendement gouvernemental.

Autre sujet d’affrontement, la possibilité de résilier les contrats d’assurance automobile et habitation à tout moment après une année d’engagement, et non plus seulement à la date anniversaire du contrat. Selon le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, cette mise en concurrence accrue entraînera une baisse des prix. Les assureurs et mutuelles, vent debout contre cette réforme, affirment le contraire.

Avant de clore les débats dans la nuit du 27 au 28 juin, les députés ont légiféré à tour de bras. Ils ont approuvé la création d’un logo « fait maison », qui devra obligatoirement figurer sur les menus des restaurants cuisinant sur place des produits bruts. Ils ont aussi voté l’interdiction de vendre des cigarettes électroniques aux moins de 18 ans ou repoussé à 2016 l’obligation pour les petites stations-service de mettre aux normes leurs réservoirs.

Les députés renforcent également les prérogatives de la répression des fraudes (DGCCRF) et les sanctions pour tromperie ou tromperie aggravée présentant un danger pour la santé. Les amendes pourront aller jusqu’à 10% du chiffre d’affaires de l’entreprise et une interdiction de toute activité commerciale pour les contrevenants.

Reste à voir si les pouvoirs publics seront à la hauteur de leurs ambitions. Quatre organisations syndicales de la DGCCRF, dont FO, ont organisé, le 24 juin, une conférence de presse pour lancer un nouveau cri d’alarme sur leur manque de moyens, qui les empêche déjà de remplir leurs missions actuelles. Depuis 2008, leurs effectifs sont passés de 3.300 à 2.870 agents. Et avec la réforme de l’administration territoriale de l’État (Réate), ils ne dépendent plus d’une administration centrale mais de structures interministérielles. Ils ont perdu en efficacité, en réactivité, et les consignes ne sont plus appliquées de la même manière selon les départements. Ils demandent des embauches et une remise à plat de leur administration.

Les députés devaient voter solennellement le texte le 3 juillet. La discussion se poursuivra ensuite au Sénat.